PARIS-BREST-PARIS 1999 En terminant le compte rendu de PBP
1995, j'annonçais ma participation au prochain : je me devais de respecter
cette parole et de toute façon quatre ans après l'envie était toujours aussi
forte. Patrick était toujours partant et
nous avions convaincu Marcelle d'effectuer au moins les brevets avec nous, en
étant persuadés qu'elle allait nous accompagner jusqu'au bout de l'aventure
malgré ses craintes. En effectuant les brevets, nous
constatons que deux autres membres du CSP sont tentés par cette formidable
épreuve : Julien LE CORRE et Michel GOJON termineront l'épreuve, malgré
quelques problèmes physiques pour Julien. Nos routes se croiseront à plusieurs
reprises dans les brevets. Si les brevets de 200 km, 300 km
(malgré le froid compensé par les encouragements chaleureux de Lucienne, Magali
et Napo qui nous ravitaillent à Moustier Ste Marie) et 400 km se déroulent sans
problèmes, il n'en est pas de même pour le 600 km. En effet, la pluie, mais sous la
forme de trombes d'eau dans la nuit vers Alès, nous accompagne pendant environ
300 km : cela ne renforce pas la confiance de Marcelle dans les descentes la
nuit mais elle s'en tire avec les honneurs. Nous positivons l'expérience en
considérant qu'il s'agit d'un bon entraînement pour aller en Bretagne, région
où il pleut toujours d'après Momon et nous envoyons nos engagements aux Lepertel, cheville ouvrière de PBP. Nos routes se séparent jusqu'au
départ, chacun devant assurer de son côté la fin de sa préparation et le
rendez-vous est pris pour le dimanche 22 août à PLAISIR, nom prédestiné. L'organisation pour le contrôle des
vélos est parfaite car il n'y a pas de file d'attente et les nombreux volontaires nous
accueillent chaleureusement et favorisent notre passage. Ensuite, nous irons
rejoindre ma fille Marianne à Paris, faire une partie de boules place d'Italie
et souper dans un restaurant dont le patron organise des opéras au Canada !!! Après la " grasse matinée
" le lundi, nous devons nous
occuper jusqu'à 17 heures car 23 et 24 août 1999. 17 heures, les vélos sont prêts
depuis le matin et nous partons vers le départ ( 15 km) : il reste à prendre le
dernier repas avant l'attente dans le peloton de 1800 cyclos environ qui ont
choisi le même horaire que nous. J'en profite pour faire une sieste assis sur
le cadre et Marcelle se demande un peu ce qu'elle fait là. 22 heures 15 : c'est parti avec le
deuxième groupe de 600 cyclos et pour une nuit où pratiquement on sera toujours
en peloton. Cela ne plaît pas outre mesure à Marcelle et nous sortiront
plusieurs fois des groupes en roulant peut-être un peu trop fort. A l'arrivée à MORTAGNE, nous avons
la mauvaise surprise de constater que les compteurs indiquent une bonne dizaine
de km en plus et d'ailleurs à l'arrivée nous constateront que les organisateurs
ont octroyé une heure de plus en tenant compte de 40 km supplémentaires : nous n'en aurons
pas besoin. La journée se passe sans problèmes
avec les contrôles à Villaines-la-Juhel (toujours parfait l'accueil), Fougères
et Tinteniac. Il fait chaud, mais nous n'avons aucun problème de ravitaillement
: les enfants dans tous les villages nous offrent des boissons fraîches, mais
aussi du café, du thé et des gâteaux. C'est impossible de s'arrêter partout
mais ils nous encouragent et nous attendent pour le retour. Nous commençons à parler de la
douche à LOUDEAC et à penser aux quelques heures de repos bien
mérité après 440 km. Cruelle désillusion : les douches se
résument à un simple tuyau à la vue de tous et la file d'attente pour les
couchages est bien longue. Il est déjà 23h 30 et Marcelle se
voit mal sans sa douche même s'il faut dormir en plein air avec la couverture
de survie. Je préviens ma fille qu'elle va sans doute devoir nous appeler à
3 heures du matin pour nous réveiller : merci le portable. Il nous sert
également à appeler un premier hôtel, plein bien sur, qui nous renvoie sur un
second complet. Nous quémandons pour prendre une douche, mais elles sont dans
les chambres. Nous obtenons le n° de l'hôtel "Les Routiers" qui
possède des douches sur le palier : c'est d'accord. A l'hôtel, il y a déjà des vélos
partout et un patron sympa : il se laisse convaincre facilement de nous laisser
dormir dans la salle à manger et nous prête d'anciens dessus de lit. Le coucher s'effectue à 0h 45 et le
lever est programmé pour 3h : pas de temps à perdre et pour ma part je m'endors
dans la seconde. Marcelle trouvera le temps de demander à des américains de
baisser le ton. Mercredi 25 août 1999. Le lever se fait sans problème et nous prenons tout de suite notre petit déjeuner car l'hôtel assure les repas en continu durant PBP, au grand regret de pensionnaires. Prévoyants, nous demandons s'il reste une chambre et miracle, nous pouvons réserver : notre hôte nous installera un matelas supplémentaire. C'est reparti pour une longue
journée et le retour est prévu à LOUDEAC pour le soir. Marcelle a parfaitement récupéré de
sa première journée et des doutes à son arrivée à LOUDEAC. Nous pouvons
abandonner nos mauvaises idées de la veille : prendre en charge ses sacoches à
Brest ou même la laisser sous la garde des BELTRAMONE ' S, car ils nous
attendent. Je dois les prévenir de notre
horaire, mais le portable ne passe pas depuis le Roc Trévezel et ensuite pas de
réponse : normal j'avais programmé deux numéros et j'appelais à AIX. Heureusement, Momon nous attend à
l'entrée et nous emmène chez la mère d'Armande pour dîner : il est 13 heures et
nous repartirons à 14 h 30 après un excellent moment passé auprès de nos amis (
Je crois qu'Armande nous envie et regrette de ne pas avoir fait PBP). Le temps est redevenu clément : ce
matin nous sommes passés près de l'orage et nous avons mis pour 10 km le KWay.
C'était une erreur et Patrick avait raison. J'en profite pour essayer de
rattraper un tandem et rouler à vive allure avec deux couples d'italiens : j'ai
juste remarqué que les italiennes étaient mignonnes et qu'elles étaient
toujours en tête. Le retour à Loudéac se fait dans la
nuit par une petite route généralement en descentes et sans bandes blanches. La
fatigue commence à se faire sentir mais il faut avancer : nous mettons les
éclairages à fond et nous prenons la tête de notre petit groupe. Marcelle
assure "comme une Grande" et à l'arrivée à Paris, un cyclo nous dira
qu'il était dans un fauteuil dans nos roues.. Il est plus de 23 heures à notre
arrivée et nous avons confirmé notre arrivée tardive à l'hôtel car nous voulons
notre chambre. Marcelle se contente de yaourts mais Patrick et moi n'avons pas
su résister à l'odeur de pommes de terre sautées : nous redescendons après la
douche et l'hôtelier nous offre une demi-bouteille de Pourcieux payé et laissé
par des américains qui ne boivent pas que du coca. Jeudi 26 août 1999. Comme d'habitude, le départ
s'effectue à 3 heures ( le jeudi matin ), mais cette fois ci dans la bonne
direction ( bien que par ma faute, nous ayons failli repartir à Brest) et avec
un petit vent plutôt favorable. La journée se passe bien : nous commençons à
ressentir les effets bénéfiques de notre entraînement des jours précédents. Nous roulons avec Gaétan, un jeune
belge hyper sympa et facile sur le vélo: le temps passe vite en bavardant et
nous le retrouverons à Paris. Avec la nuit, l'envie de dormir se
fait plus présente ( nous saurons le lendemain que nous ne sommes pas les seuls
) et le rythme diminue : heureusement dans tous les villages les gens nous
encouragent et nous offrent du café. Notre arrivée à Mortagne s'effectue vers 1
h le vendredi matin . Depuis Fougères, nous avons essayé
de trouver un hôtel à Mortagne mais tout était complet (merci à Marianne pour
les numéros et au portable). Marcelle va donc enfin pouvoir tester l'étape
typique de PBP : douche à la diable et couchage en gymnase. Pour la douche, une jeune fille
l'emmène à une douche particulière pour les dames et pour le coucher, elle met
son blouson sur ce qui lui parait être une tâche sur le matelas. Patrick dort
la tête sur les chaussures dans l'allée et pour ma part, comme d'habitude, je
dors dès que je suis allongé. Si vous voulez les impressions
détaillées de Marcelle, adressez lui un courier avec une enveloppe timbrée pour
la réponse car je ne veux pas être censuré : elle a été impressionnée par les
ronflements et les odeurs. Vendredi 27 août 1999. Un bénévole, super comme les autres,
nous réveille à 4 h : il nous reste 12 heures pour parcourir les derniers 150
km et rentrer dans les délais. Petite frayeur dans la nuit car des
gyrophares semblent indiquer un
problème, heureusement pas un accident : il s'agit d'une couche de graviers sur
un bon kilomètre mais cela parait bien long en descente et dans la nuit. Au lever du jour, un cycliste nous
rattrape et roule avec nous. Un peu plus tard, avec un accent mulhousien que je
ne peux pas reproduire ici , il nous déclare : " Cette nuit, vous m'avez
doublé et je n'étais pas bien. Mais quand j'ai vu la dame avec ses sacoches, je
n'étais pas fier mais je ne pouvais plus abandonner". Qui a dit que les
sacoches étaient inutiles sur PBP ? Un peu plus tard, il nous parlera de
son fils qui a participé en début de saison à un camp entraînement sur la côte
d'Azur et en est revenu épuisé et déçu : décidément, il reste encore du travail
pour éliminer le dopage. Une dernière anecdote pour prolonger
le plaisir que j'éprouve à revivre ce PBP. En
conversation avec le patron d'un bistrot, nous laissons partir Marcelle. Mais
le temps passe vite et nous mettons le grand plateau pour revenir. Patrick,
"toujours optimiste" et ne la voyant au bout d'une grande descente et
de la montée suivante, pense qu'elle s'est trompée. Non, c'est nous qui ne
sommes pas sur le parcours et un automobiliste nous le signale aimablement. Demi-tour et accélération, un
certain nombre de cyclos nous prennent pour des fous quand nous les passons à
plus de 35 km/h et il faut chasser pendant un long moment. La matinée se passe sans incident
.Nous constatons que de nombreux cyclos se reposent dans l'herbe : certains ont
rangé leur vélo, mais d'autres sont quasiment tombés de vélos et pratiquement
sur la route. Heureusement, les anges-gardiens-motards de l'ANEC s'assureront
que tout va bien. L'arrivée à Paris se fait à la fois
dans l'euphorie et la déception de terminer une aventure. Marcelle est très
contente (elle a raison) mais ne pense pas à recommencer.Patrick termine son
quatrième PBP et dit que c'était le dernier. Quant à moi, je trouve toujours
que c'est une épreuve formidable et quand le lendemain, je dis à Patrick que
j'aimerai recommencer d'une autre façon il est de nouveau partant. En attendant ce nouveau défi, il
nous faut revenir sur terre car le lendemain, je dois déménager ma fille de
Paris à Aix : bien sur les copains sont de la fête. P.S.
: j'oubliais des détails techniques : pas de crevaison, pas de pluie, un léger
vent favorable. Certains vont dire que dans ces conditions c'est facile : ils
ont raison et je les invite à nous rejoindre en 2003. Un dernier détail :
Paris-Brest-Paris est toujours aussi vallonné et Marcelle, qui l'avait réalisé
en accompagnatrice et malgré les avertissements de Patrick, n'en est toujours
pas revenu. |